Madame Nielsen, une fidèle cliente malade provenant de Wilhgielm lui avait téléphoné le matin même. Elle devait venir chercher une plante pour déposer sur la tombe de son défunt mari, qu'elle avait perdu quelques mois auparavant, mais avait dû décommander puisqu'une mauvaise chute l'obligeait à rester en fauteuil roulant la plupart du temps quand elle ne s'exerçait pas à la rééducation de ses jambes. Comme si la mort et la vieillesse ne suffisait pas, il avait fallu qu'un nouveau malheur frappe encore cette pauvre vieille dame, et mine de rien, il avait certains clients fidèles avec qui le courant passait plus que bien et la veuve en faisait partie.

Ce qui expliquait que Samuel, touché par sa situation, s'était déplacé pour lui apporter une petite orchidée, dans l'espoir de lui mettre un baume au cœur. La visite achevée, il avait quitté l'hôpital chagriné pour la jeune femme, mais il devait retourner à sa vie. Il avait traîné un petit moment sur le parking pour réfléchir sur la vie et le fait de vieillir, les fesses à demi calées contre le siège de sa moto et c'est la vue d'une personne qu'il pensait connaître qui le fit remuer et réagir.

Il s'agissait à ses yeux, d'Anja, du moins lui ressemblait-elle de dos, traits pour traits. Une ancienne conquête, devenue presque une amie, mais qu'il n'avait pas revu depuis depuis un long moment à cause des missions environnementales qu'elle menait dans le monde, et surtout parce que lui, ne vivait plus que pour son ex-femme. Maintenant qu'il était devenu libre comme l'air depuis que le divorce avait été prononcé, il comptait rattraper le temps perdu, et dans ses souvenirs, c'était assez fun avec elle.

Anja, elle lui avait ouvert pas mal de portes, et son truc à elle, c'était de se faire suivre. Lui appréciait ça aussi, et quand une femme lui plaisait, il n'hésitait pas à la suivre, il avait donc vite trouvé une complice de jeu à sa convenance. Alors il n'hésita pas, bien décidé à lui faire une petite surprise. Seulement, après l'avoir suivi depuis un moment déjà, la situation   prit une étrange tournure.

Quand elle lui fit sa clé, il se laissa faire, presque en se marrant, pensant qu'il s'était grillé et qu'elle l'avait reconnu, et qu'elle voulait jouer le jeu ou lui donner une leçon. L'un dans l'autre, il s'y retrouvait, alors il n'avait pas essayé le moins du monde de se défendre, et c'est seulement une fois plaqué au mur, bras derrière le dos qu'il se rendit compte de sa bêtise :

-D'accord, d'accord !

Malgré la surprise, lisible sur son visage, il avait bien senti que la demoiselle n'était pas commode et il ne se fit pas prier, non sans chercher à dédramatiser un peu avec un humour limite :

-Je t'ai pris pour une ex, mais je dois bien avouer que tu es bien plus mignonne qu'elle, surtout énervée comme ça.

Il offre un sourire charmeur, et évite de gigoter :

-Par contre, tu pourrais me rendre mon bras maintenant, j'ai pas envie de retourner à l'hosto aujourd'hui, même si je te cache pas que ça me dérange pas d'être celui qui est plaqué au mur  ?

Il ajoute à sa petite tirade débile un petit clin d’œil :

-Promis je te ferais pas de mal. Enfin, ça ça dépend de ce que toi tu veux...

Il s'enfonce, comme d'habitude, mais on ne se refait pas.