1977 - Skëlton, Norvège.
Il faut croire que la violence m'a toujours collée aux baskets, même avant que je naisse. Je naquis ce beau jour d'avril. Je suis la seule enfant de parents fortunés et influents de l'île. Vous le sentez venir ? Les Marks et les Iversen, une rivalité ancestrale. J'ai atterri au milieu de tout ça et voilà.

1980 and then - Skëlton, Norvège. 
Je suis une véritable petite fille. Franchement, du bout des ongles jusqu'aux pieds. Selon le récit de ma mère, j'étais la chipie qui lui piquait ses chaussures à talons, me tartouillait de rouges à lèvres partout autour de la bouche. Le maquillage, je lui en ai tué des palettes entières. Elle avait de quoi se tirer ses longs cheveux bruns. En parallèle de mes conneries, je suis une demoiselle sans histoire à l'école. Je travaille bien, rien à signaler.

1993 - Skëlton, Norvège.
Les pinceaux, le fard à paupières, le blush ? J'ai rapidement voulu en faire ma voie. Je voulais devenir une maquilleuse professionnelle, qui poudrerait le nez des plus grands. Cette année, et les suivantes, ont été vraiment capitales pour ma vie future. Je suis devenue végétarienne suite à ce que l'on commençait à voir sur comment on traitait l'animal. C'était les balbutiements du bien-être animal. J'en faisais parti, au grand dam de mes parents. C'était bien, ils pouvaient penser ce qu'ils voulaient.

1996 - Paris, France.
La ville des amoureux. La capitale mondiale de l'amour et du bon goût. Elle me faisait rêver quand j'étais derrière ma coiffeuse. Je l'avais à porter de main, maintenant. Grande école payée par mes parents. D'accord, j'étais studieuse mais qu'est-ce que j'en ai bien profité aussi ! Des garçons, des filles. Je m'en suis donné à cœur joie, je ne le cache pas. Je pense que c'était les plus belles années de ma vie. Tout me paraissait léger, je vivais un petit rêve éveillé. J'étais libre, jeune et belle. Je ne pouvais que profiter de la vie.

2008 - All around the world.
Trentaine tout juste entamer, je suis à l'apogée de ma carrière. J'ai mis du temps à me faire une place dans ce monde impitoyable. Je voyage, au gré des déplacements des célébrités que je prends en charge. J'ai vu tellement de choses, eu des discussions folles, passer des moments et soirées inoubliables. Durant l'une de ces dernières, j'y ai rencontré celui qui allait devenir mon mari, quelques années plus tard. Il était agent, beaucoup trop beau pour être honnête. Seulement, ça, je l'ai appris à mes dépends.

2016 - Melbourne, Australie.
Deux ans que je suis mariée à lui, tout se passe bien. Pourtant, tous les contes de fées ont bien une fin. On parlait d'enfants, de fonder une famille. Je me sentais prête de donner la vie. Il a fallut que tout soit bouleversé, mon mari a perdu son emploi et a sombré dans la dépression, préférant noyé son chagrin dans une bouteille de whisky. J'ai été patiente, compréhensive, aimante. C'était ce fameux soir où il m'a giflé pour la première fois. On se dit que c'est un accident de parcours, que jamais plus ça ne se reproduira, que l'on accepte ça parce qu'il y a l'amour. Je n'avais pas prévu que cela irait jusqu'au viol. Oui, on peut se faire violer par son mari. Croyez-moi. Il m'a laissé même ces traces de peau brûlée à la cigarette, c'était trop. Beaucoup trop. Je n'ai plus été la même après cette nuit. J'ai quitté Melbourne, humiliée, après avoir déposé une plainte et demander la procédure de divorce auprès de mon avocat. Je suis partie, j'ai tout laissé derrière moi. Ma carrière. Mon désir de maternité. L'ancienne Freja.

2019 - Skëlton, Norvège.
Aujourd'hui, je dirais que je fais avec. Me reconstruire ? Refaire confiance en quelqu'un à nouveau ? Je ne suis pas certaine que cela soit possible un jour. Encore moins, catapulter un enfant innocent dans cette société. J'ai fais des choix que j'assume au grand jour. Mon divorce s'est soldé par une belle somme d'agent que j'ai reçu et de la prison avec sursis pour lui. C'est bien dégueulasse mais je m'en contre-fous. Un jour, je rendrais justice par moi-même. Je me lui suis promis. En attendant, je suis devenue cheffe des Borghild et j'ai une bonne main sur la ville, maintenant. Même si, je semble toujours en vouloir plus. Je suis une belle salope, pas vrai ? Attendez. Vous n'avez pas encore tout vu.