Lou c'est l'impulsivité et la fragilité réunis dans un seul et même petit corps frêle d'un mètre soixante trois et quatre milimètres. Elle est paresse et luxure. Elle est parfois arrogante, piquante et un brin rebelle mais tantôt si empathique et douce. Elle est maladroite aussi et parfois si naïve mais ses jolis yeux en amandes et ses tâches de rousseur sont un passe v.i.p. pour le pardon absolu et la rédemption. Elle est jolie Lou, mais ça elle le sait alors elle en joue un peu avant de ne plus pouvoir. Avant de finir seule avec son chat et son poste de télévision. C'est l'ange et le démon partageant la même enveloppe, mais ça elle l'ignore. Physiquement, c'est un -très- joli bout de femme mais on n'peut pas dire qu'elle sorte de l'ordinaire, elle est charmante mais sa longue tignasse blonde ne la démarque en rien des autres femmes. Ses yeux, peut-être, et encore. Mais elle s'en tape elle, ça évite qu'on l'emmerde dit-elle.

L'abandon. C'est le premier sentiment que ce bambin jouflu a connu en venant au monde un soir de décembre dans un coin du globe, à Los Angeles. Elle n'a jamais connu ses parents biologiques, elle ignore qui ils sont, d'où elle vient mais quand elle daigne en parler un peu elle dit que ça ne lui fait ni chaud, ni froid.

En grandissant au sein de l'institution, elle n'est pas tombée que sur des personnes bienveillantes, elle en garde d'ailleurs une marque au niveau de la hanche droite laissée par le cuir d'une ceinture claquée un peu trop sauvagement contre sa peau porcelaine. Une petite correction offerte gratuitement par un éducateur ne semblant pas aimer sa répartie. Par habitude, elle a développé une sorte de muraille fortifiée entre elle et les autres quand il s'agit de passer une certaine étape et de parler d'attachement ou de sentiment, résultat d'un début de vie plutôt chaotique et d'un manque cruel de confiance en l'autre.

A l'âge de six ans la roue a tournée et le nom "HARPER" est venu compléter la case vierge de sa carte d'identité. Eliott et Anastasia Harper. Deux têtes bien connues dans le secteur de l'évenementiel à Los Angeles, un couple à qui tout semble réussir et des futurs parents formidables pour la jeune fille têtue qu'elle était déjà. Ils ont réussi à faire d'elle une femme accomplie malgré une adolescence  tumultueuse. Eux, ils ont vite compris que le caractère explosif de la petite fille avait besoin d'être canalisé et c'est dans ce contexte éducatif que  Lou s'est mise à jouer du piano à l'âge de six ou sept ans. Plutôt douée la môme, il s'est même avéré qu'elle en ferait son métier plus tard pour la plus grande joie d'Ana, sa fan numéro un. Du sang d'artistes coulerait-il dans ses veines?  Quand elle joue il s'passe un truc dans l'air, comme si les notes remplaçaient ses mots et lui faisaient oublier ses vieux maux.

Courageux, volontaires, aimants, foncièrement bons. Lou adorait ses parents, elle les aimait profondément malgré tout. Tellement, qu'à vingt cinq balais elle vivait toujours sous leur toit. Un coup de téléphone en pleine nuit l'a mise à terre pourtant, pour la seconde fois de sa vie, six mois avant qu'elle ne prenne la décision radicale de tout quitter et de déménager. "L'avion n'est pas arrivé à destination, Lou...". Ils étaient à bord de l'avion qui s'est crashé direction Paris, ça a fait la une des journaux lorsque la piste criminelle a été abordée mais l'affaire à été classée s'en suite faute de preuves. Quand on dit que la foudre ne s'abat jamais deux fois à la même place, c'est de la pure connerie. S'il y avait un Dieu il lui en voulait forcément.

Plus rien ne la retenait à Los Angeles alors pourquoi se limiter à ce que l'on connait déjà?